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Libération
Éditorial

Une erreur annoncée.

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publié le 16 avril 1999 à 0h47

Et ce qui devait arriver, arriva! Appelons-le erreur de cible ou

erreur d'appréciation. Peu importe, en définitive: on ne bombarde pas impunément des objectifs mobiles à plus de 5 000 mètres d'altitude sans que quelque engrenage de la haute technologie utilisée ou le jugement d'un pilote évoluant à grande vitesse ne connaisse un jour une défaillance. Statistiquement, la «bavure» de mercredi était aussi programmée que la difficulté des stratèges de l'Otan à venir à bout de la défense yougoslave. Les deux phénomènes ont finalement la même explication: la volonté de s'en tenir à des frappes mettant le moins possible en danger la sécurité des pilotes alors que, tout le monde en convient, l'urgence serait de venir au secours des populations civiles albanaises prises au piège du milosevicisme déchaîné, avant de leur permettre de vivre chez eux en paix.

La tragédie de Meha, après deux autres «bavures» majeures reconnues par l'Otan, ne peut pas remettre en cause la prudente mais massive offensive lancée pour faire reculer le régime de Belgrade, fait-on valoir dans les capitales alliées. Certes! Et il est vrai que trois accidents sur six mille sorties constitueraient plutôt un succès technologique qu'un échec. Et personne de bonne foi ne pouvait ignorer, au début des frappes, qu'elles entraîneraient ce que la fausse pudeur des généraux dénomme «dommages collatéraux». Les politiques, pourtant, auraient tort de se rassurer à coups de statistiques. D'abord parce que les corps démembrés