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Libération
Analyse

Avec Chirac, la fracture finale. L'échec de Séguin à unir l'opposition fragilisait l'Elysée. La crise du Kosovo a fait le reste.

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publié le 17 avril 1999 à 0h47

Alors que la France est engagée dans un conflit armé au coeur de

l'Europe, Philippe Séguin rend ses galons. Pour protester contre la guerre? Non, contre Bernard Pons, président de l'Association des amis de Jacques Chirac! On a les combats qu'on se donne" Le séguinisme, un nombrilisme? Si le député d'Epinal avait souhaité apparaître pire que sa caricature, c'est réussi. Sa démissionnite aiguë a atteint, cette fois, son apothéose. S'il avait voulu donner une image grotesque d'une certaine politique «politicienne» plus préoccupée par les querelles de boutique et les conflits de personne que par l'intérêt général, c'est gagné. Démissionner officiellement parce que Pons, «sans être démenti» par l'Elysée, le place, avec Pasqua et Bayrou, dans la même «majorité présidentielle», c'est porter haut le débat. On eût admis en la période que l'ancien souverainiste, fraîchement converti aux vertus de l'Union européenne et de l'euro, ne supporte pas que la France participe à une intervention contre la Serbie sous la férule militaire de l'Otan et en prenne prétexte pour claquer la porte. D'autres, à des postes plus sensibles, ne s'étaient pas privés de saisir pareil motif pour quitter un gouvernement lors de la guerre du Golfe.

Réquisitoire. Mais il n'est point question de cela dans le communiqué de Séguin. Et l'on conçoit mal, si sa véritable motivation était celle-là, pour quelle raison il se serait dispensé de le dire. D'autant qu'il ne se gêne pas, par ailleurs, pour dresser un réquisito