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Libération
Éditorial

Fatalité

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publié le 17 avril 1999 à 0h47

On savait depuis longtemps que le principal problème de Philippe

Séguin s'appelait Philippe Séguin. Pour les besoins de son rôle de leader électoral, il avait paru prendre quelque distance avec son ego et donc avec sa fatalité. Hélas, celle-ci l'a rattrapé, et Séguin est redevenu Séguin, c'est-à-dire un curieux spécimen psychologique en même temps qu'un politicien toujours inadapté à son environnement. Pourtant, si pittoresque soit-il, le personnage l'est moins que la situation politique que sa sortie révèle.

Voici en effet une bonne occasion de se souvenir que depuis dix ans le RPR donne de manière récurrente le spectacle d'une maison divisée contre elle-même ­ un comble pour des spécialistes du «rassemblement». Du mouvement des «rénovateurs» en 1989 à la dissidence antimaastrichtienne en 1991, de la lutte fratricide Chirac- Balladur en 1994-1995 au limogeage de Juppé par Séguin en 1997 puis l'autodéfenestration de ce dernier aujourd'hui, les dirigeants néogaullistes semblent voués à une interminable guéguerre civile. En cela, bien entendu, le choc habituel des ambitions et la concurrence ordinaire des carrières ont leur part. Mais le premier rôle revient à l'ambiguïté intrinsèque du gaullisme contemporain qui veut être tout et son contraire, à droite et à gauche, libéral et dirigiste, nationaliste et européen, et qui n'a vomi le centre que pour accoucher du plus centriste des présidents de la Ve République. L'instabilité notoire de Séguin n'a fait que se superposer à une d