Visage large, rire essoufflé, voix grave. Marginal, colérique, lugubre. Syndrome répété de l'échec, goût des impasses stratégiques, déprimes enchevêtrées" Philippe Séguin est une belle matière première. De la chair à papiers. Avec, en sus, le bénéfice de la prime au loser. «Ecoutez, on est comme on est, et on ne se change pas pour faire de la politique. Je crois savoir que les gens ont soif d'authenticité», se justifiait-il à Libération il y a deux ans. C'était avant son accession à la tête du RPR, les reniements successifs de son engagement antimaastrichtien, le calvaire en direct. Et cette démission pathétique, à quatre jours de son 56e anniversaire.
Mythologie. Le personnage est tellement caricatural que les Guignols de Canal + ne sont jamais parvenus à bien le croquer. Peut-être parce qu'il existe comme une inadéquation entre le tempérament de l'homme, empêtré dans une nasse de comptes à régler, de forteresses imaginaires à prendre, et son rôle d'homme politique. Un fossé qui s'est creusé avec le temps, au point de faire de lui, en ce début de campagne pour les élections européennes, un «candidat malheureux» au sens littéral: malheureux d'être candidat, navré de devoir serrer des mains, fuyant la foule et la presse. Ce n'est pas par hasard si, ces dernières semaines, l'une des rares occasions où il a été vu en forme, détendu, fut la fête annuelle de l'ambassade de Tunisie. Nostalgie. La Tunisie, c'est son pays natal, où il a construit sa mythologie de l