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Libération
Éditorial

Amnésie

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publié le 19 avril 1999 à 0h46

Nul besoin d'avoir suivi les cours de l'Ecole de guerre pour le

savoir: la détermination des protagonistes d'un conflit peut parfois être plus décisive que la sophistication de leur armement. Les Américains le savent au moins depuis la guerre du Viêt-nam, qu'ils ont perdue nonobstant leur flotte de B 52, leurs hélicoptères d'attaque et les bombardements de Hanoi et de Haiphong. L'auraient-ils oublié et, avec eux, leurs alliés européens?

Le but de Milosevic est clair comme du cristal depuis le premier jour des frappes: profiter des bombardements pour faire en quelques semaines ce qu'il voulait faire de toute façon, mais sur une période plus longue et à une échelle moindre ­ bouleverser le rapport démographique entre Serbes et Albanais au Kosovo pour y installer les 300 000 réfugiés serbes chassés des Krajina croates par la troupe et les milices de Tudjman (sans que les Occidentaux y trouvent beaucoup à redire), et les 200 000 réfugiés en provenance de la Bosnie.

Un tel projet nous apparaît aujourd'hui comme l'ignoble programme d'un dictateur proche de la démence. Et c'est bien parce qu'il était, pour des Occidentaux, littéralement impensable qu'il n'a pas été anticipé. La preuve de cette incapacité, renforcée par la volonté des alliés de ne risquer qu'un minimum de pertes, est fournie chaque jour par la flotte de l'Otan, survolant, sans y pouvoir grand-chose, des pratiques de nettoyage ethnique enracinées dans la région depuis des siècles.

Qui se souvient qu'entre 1912 (date de l