Skopje envoyé spécial
Une corde tendue entre deux voitures orange de l'OSCE sert de frontière. Du bon côté de la corde, à l'abri d'une tente, ceux dont le nom a déjà été craché par le mégaphone. De l'autre, debout depuis des heures, avachis sur un sac ou sur un carton dans la poussière, ceux qui n'en peuvent plus d'attendre que leur nom soit prononcé. Les premiers ont la certitude qu'ils seront dans quelques heures dans l'avion, destination Lyon. Les seconds, pourtant inscrits sur la liste des partants, doutent encore. Dans le camp de Stenkovac, à quelques kilomètres au nord de Skopje, l'après-midi tire à sa fin, deux avions avec 149 et 57 personnes à bord sont déjà partis. Et ces réfugiés savent la rumeur court en tout cas le camp que le leur, prévu pour 18 heures, sera le dernier avant une nouvelle rotation vers la France, mercredi.
Du bon côté de la corde, Ilir, Sabrije, 22 et 23 ans, avec leurs deux enfants, Shketgim, 2 ans et Lirim, 2 mois. Ils n'étaient pas, hier matin, sur la liste composée par les services de Bernard Kouchner à partir des fiches du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) remplies la veille. Mais les médecins du Samu mondial (la plupart de Paris ou de la région Ile-de-France) venus «évaluer les problèmes médicaux avant le décollage» ont repéré, lors d'une tournée des tentes, Lirim, le bébé, trop jeune pour pouvoir supporter plus longtemps les conditions de vie du camp. «Nous avons récupéré deux enfants en bas âge», explique l'un des médecins. Ils au