Plus de trois semaines de campagne de bombardements n'ont pas
détourné Slobodan Milosevic de son objectif: vider par la force le Kosovo de sa majorité d'origine albanaise. Après quelques jours de flottement qui ont entouré la fermeture unilatérale des frontières, le flot ininterrompu de déportés qui arrive en Albanie depuis trois jours en est le signe le plus sûr: selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), quelque 564 000 Kosovars ont quitté ou ont été chassés de la province depuis le début des frappes de l'Otan le 24 mars, et plusieurs dizaines de milliers d'entre eux sont encore en route vers les frontières. Hier, le HCR décrivait une file de véhicules, longue de 17 km, repérée en direction du poste-frontière albanais de Morina, soit environ 34 000 personnes qui viendront s'ajouter aux 375 000 réfugiés déjà en Albanie. Le voyage est parsemé de dangers: cinq Albanais du Kosovo ont été tués tôt hier matin par l'explosion d'une mine alors qu'ils tentaient de franchir en voiture le poste-frontière de Morina.
Au total, l'agence onusienne a recensé 735 000 Kosovars comme réfugiés à l'étranger: soit deux Kosovars d'origine albanaise sur cinq, sur un total estimé avant le conflit à environ 1 800 000 personnes. L'Albanie, à elle seule, en héberge près de 400 000 et la Macédoine près de 150 000. Slobodan Milosevic est donc en bonne voie pour réaliser son projet politique, déjà ancien, de «purification ethnique» du Kosovo. Et de nombreux signes donnent à pen