Au train où vont les choses et quoi qu'on en dise à Washington,
Londres ou Paris, la campagne aérienne menée contre la Yougoslavie est menacée de virer au fiasco. Une opération qui était présentée à ses débuts comme une question de jours est devenue aujourd'hui une affaire de plusieurs mois. Et, plus le temps passe, plus s'éloignent les objectifs qu'elle devait permettre d'atteindre: Milosevic n'a jamais paru aussi bien installé au pouvoir et finit même par incarner, c'est un comble, l'esprit de résistance d'un nationalisme serbe exacerbé par les bombardements; quant à ses troupes, qu'il est parvenu à renforcer au Kosovo depuis le début des frappes, elles supportent sans trop de dégâts des armes de haute technologie absolument pas adaptées à la situation. Comme si les deux forces combattaient sur des champs de bataille différents, presque sans se rencontrer. Résultat: le pouvoir serbe encaisse sans trop de mal la punition high-tech qui lui est infligée, mais accélère le nettoyage ethnique du Kosovo qui a déjà été vidé de près de la moitié de sa population d'origine albanaise.
De quoi rendre fous les stratèges de l'Otan dont les mises en garde n'ont pas été entendues par des politiques persuadés que la messe serait dite en quelques jours. Plus personne, et pour cause, ne peut le croire aujourd'hui. Et l'alternative que tous repoussaient hier s'impose chaque jour davantage: chercher une sortie dans des tractations peu glorieuses avec Belgrade bref, maquiller la défaite ou s