Un colonel: «Les Serbes? Ce sont de sacrés guerriers. Ils ont tenu
tête à vingt-trois divisions allemandes.» Un autre colonel: «Les Serbes? Ce sont des rustiques, mais on ne va quand même pas trembler devant trois pouilleux au coin d'un bois.» Ces deux officiers français ont servi, l'un comme l'autre, en Bosnie. Les Serbes, ils prétendent connaître. Autour d'un verre de slivovic (alcool de prune) ou au bout de leur canon de 20 mm, ils ont eu affaire aux combattants serbes de Bosnie. Autant de jugements définitifs qui autorisent toutes les conclusions sur la valeur des soldats yougoslaves, si l'Otan s'engageait dans une offensive terrestre.
Plus de trois semaines après le début des frappes aériennes, le général Kelche, patron des armées françaises, estime que «10 à 15% du potentiel de combat» des forces yougoslaves a été détruit. Au Kosovo, «nous ne voyons plus de concentrations de troupes supérieures à une compagnie (environ 150 hommes, ndlr)», poursuit-il.
Forces dispersées. Clouée sur place par la destruction des ponts ou en panne sèche faute de ravitaillement en essence, l'armée serbe se disperse, s'enterre, se camoufle. Un spécialiste de l'armée de terre: «Les chars ne circulent plus beaucoup. Ils sont embossés dans des positions défensives où il sera plus difficile de les atteindre.»
Déjà rustique et peu mobile, cette armée le devient encore plus à cause des frappes. Rendue incapable de manoeuvrer, coupée de son commandement, elle devient encore plus difficile à combattre,