Podgorica, envoyée spéciale.
Au lendemain des premiers bombardements de l'Otan contre la Serbie, Dragan (qui a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas dévoilé) a eu la surprise de trouver devant sa porte un avis de mobilisation. Cet étudiant en gestion monténégrin n'a pas hésité: il a froissé le document et l'a jeté dans la poubelle. «Cette guerre n'est pas la mienne. Elle est insensée. On ne peut pas s'opposer au monde entier», dit-il. Dragan ne cache pas que les motivations de son refus d'endosser l'uniforme yougoslave sont multiples: peur, méfiance vis-à-vis de l'armée du régime de Milosevic, attachement à la spécificité monténégrine.
Angoisse. Le jeune homme, qui a effectué son service militaire dans une unité motorisée, n'entend pas servir de chair à canon. «Les avions de l'Otan, dit-on, peuvent anéantir une colonne de chars en deux minutes, explique-t-il. C'est comme si on m'envoyait jouer à la roulette russe.» Après cette première convocation, Dragan a connu quelques jours d'angoisse. Les premiers temps, il a évité de dormir chez lui. Puis il est revenu à la maison où ses parents le soutiennent. Ce n'est pas la première fois que Dragan refuse la guerre. En 1991, comme beaucoup de jeunes Monténégrins, il avait été appelé à servir dans les rangs de l'ex-JNA, l'armée yougoslave qui pilonnait Dubrovnik, la perle du littoral croate, et pillait toute la région. «Cette guerre-là était aussi insensée», juge-t-il. Le jeune réfractaire n'avait pas été poursuivi par la ju