Podgorica, envoyée spéciale.
Sur la grande place de la capitale monténégrine, encombrée de voitures, les ouvriers s'affairent à monter une estrade. C'est là qu'aura lieu aujourd'hui le grand meeting anti-Otan du Parti populaire socialiste (SNP) où, pour la première fois depuis le début des frappes, se produira son chef, le Premier ministre fédéral monténégrin Momir Bulatovic, allié fidèle du président Milosevic. Les représentants du SNP disent qu'ils veulent célébrer, à leur façon, le 50e anniversaire de l'Otan. Ce meeting a suscité l'inquiétude dans la capitale du Monténégro. D'une part, parce qu'il intervient à un moment où l'armée fédérale yougoslave accentue ses pressions sur le pays et l'équipe au pouvoir du jeune président réformateur Milo Djukanovic. De l'autre, parce que les partis politiques monténégrins s'étaient engagés au Parlement, dans une déclaration sur la paix civile, à geler leurs activités partisanes pendant la durée des bombardements de l'Otan. Enfin, parce qu'ils ravivent des souvenirs de troubles récents réveillant la hantise de la guerre civile, un élément récurrent de l'histoire des Monténégrins pendant les quatre-vingts dernières années, partagés entre un Sud indépendantiste et un Nord proserbe.
Divorce. Momir Bulatovic, comme Président, et Milo Djukanovic, comme Premier ministre, avaient dirigé ensemble le Monténégro pendant pratiquement une décennie avant de rompre spectaculairement pendant l'été 1997. En octobre 1997, Djukanovic, rallié aux position