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Libération

La villa de Milosevic était une «entité stratégique». Sa destruction est l'application d'une théorie militaire américaine.

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publié le 23 avril 1999 à 0h25

Le président Slobodan Milosevic est-il une cible? Non. La loi

américaine interdit aux forces armées de tenter d'éliminer un dirigeant étranger. Mais la résidence de Milosevic est-elle une cible? La réponse est manifestement oui. Hier, à 4 heures du matin, deux bombes sont en effet tombées sur sa villa cossue de Dedinje.

«Nous visons la tête de ce régime, explique le Pentagone. Nous essayons de le décapiter et de briser le centre nerveux de commandement et de contrôle.» Cet objectif stratégique constitue le coeur de la campagne aérienne et le choix des cibles «traitées» chaque jour en découle. En théorie. Car, dans la pratique, les aviateurs doivent tenir compte des aléas climatiques et politiques qui limitent leur liberté d'action.

Théorie des cinq cercles. Pendant plusieurs mois, l'état-major de l'Otan a planifié les frappes, en suivant le mode d'emploi de l'US Air Force. Dans son livre The Air Campaign (1), paru en 1988, le colonel John Warden III expliquait qu'il faut considérer «l'ennemi en tant que système». Ce militaire a eu l'occasion de mettre sa théorie en pratique en se voyant confier la planification de la campagne aérienne contre l'Irak de 1991. Pour lui, l'«entité stratégique» visée se compose de cinq cercles concentriques. Au centre, la direction, puis les fonctions organiques essentielles, les infrastructures, la population et enfin les forces armées déployées. Pour «paralyser» le système adverse, l'aviation doit frapper au coeur. «Ecraser ses forces militaires