Les détracteurs de la tutelle abusive de l'Otan sur le destin de
l'Europe devraient prendre la mesure paradoxale de l'événement: l'Otan est en train de perdre sa première guerre depuis sa création, il y a cinquante ans. Les cérémonies anniversaires de Washington ce week-end auront un parfum amer. La «gendarmerie mondiale» est mal en point, le leadership américain est au plus bas et l'administration américaine apparaît en pleine errance stratégique. La mégapuissance mondiale n'a plus la moindre doctrine politico-militaire, comme en attestent l'échec aveuglant des initiatives prises face à la crise de l'ex-Yougoslavie depuis huit ans, le mois de bombardements improvisés de la Yougoslavie et le désastre humanitaire imprévu du Kosovo. On peut trouver aussi cette situation à bien des égards dramatique.
Dans ce drame, l'Otan aura eu tout faux. Cet organisme technocratique censé planifier toutes les hypothèses, imaginer tous les scénarios, même les plus improbables, s'est trompé à répétition la seule et unique fois où il a dû passer à l'acte. Rétrospectivement, on éprouve des frissons à ce qu'aurait pu être un brusque échauffement de la guerre froide sur le théâtre européen, face à l'armée Rouge, qui, par chance, a eu le bon goût d'imploser.
Monica Lewinsky n'est pas directement responsable de ce drame, mais ses imprudences auront aggravé la crise de la présidence américaine, qui, au terme de l'affaire, ne s'en est pas remise. Bill Clinton et ses équipes sont carbonisés. A bout de sou