Washington de notre correspondant.
«Les Américains n'ont rien imposé aux alliés, pas plus que nous ne les avons appelés au secours», insiste Hubert Védrine. L'intervention de l'Otan au Kosovo a beau être présentée par certains comme un complot yankee pour conforter la «domination américaine» sur l'Europe, le sommet de Washington a démontré que la relation entre l'«hyperpuissance» (dixit Védrine) et l'Europe est complexe et en pleine évolution. Le Kosovo a «recentré le débat» sur le continent européen et douché les ambitions d'une présidence américaine affaiblie, incertaine et confrontée à l'émergence, fût-elle tâtonnante et essentiellement rhétorique, du pilier européen de l'Alliance. La crise a précipité à Washington des réactions qui avaient commencé depuis que s'était dissipée la «menace soviétique», ciment de l'Otan depuis sa création en 1949. Le terme de la mutation dépendra dans une large mesure de l'issue de la guerre faite à la Serbie.
«Ce sommet a donné lieu à un vrai compromis» entre Américains et Européens, estime Védrine. En témoignent la réaffirmation du lien entre les Nations unies et l'Otan, la définition de la «zone euro-atlantique» comme champ d'action naturel de l'Alliance au XXIe siècle et le coup de chapeau aux efforts européens pour mettre sur pied une capacité de défense autonome. Les concessions américaines ont été réelles, même si les responsables américains affirment qu'ils n'ont jamais eu l'intention, comme les en accusaient les Français, de faire de