Les Belgradois irrespectueux la surnomment «la Bastille»" pour les
libertés enfermées. La télévision serbe reste l'un des piliers du pouvoir de Slobodan Milosevic (avec la police et le parti).
Aujourd'hui, l'immeuble est en ruine, touché jeudi par des missiles qui auraient fait quinze morts. Des journalistes occidentaux s'en sont émus, et Lamberto Dini, ministre italien des Affaires étrangères, a fait part de son désarroi en marge du sommet de l'Otan. Le Pentagone a justifié la frappe, soulignant qu'elle «représente un rouage clé de la machine meurtrière de Milosevic». Dès 1990, elle avait été purgée des «yougoslavistes» et des non-Serbes, rallumant les haines avec des images d'archives sur les «génocides subis par les Serbes» et des hymnes enflammés. Tadeusz Mazowiecki, rapporteur de l'ONU pour les droits de l'homme pendant la guerre dans l'ex-Yougoslavie, souligna comment, dans tous les camps, «les discours nationalistes et les insultes généralisées contre les autres peuples» menèrent directement aux atrocités du conflit. La télévision de Belgrade ne fut pas en reste; sa tâche était d'autant plus facile qu'elle est, avec la radio, le seul média capté dans tout le pays. La presse d'opposition et les quelques radios indépendantes (reprises en main depuis la guerre) ne couvraient que la capitale et quelques autres grandes villes. Elle réussit ensuite à faire avaler au pays les défaites successives de l'homme fort de Belgrade, et chaque volte-face du régime s'est traduite par