Le préfet Bernard Bonnet était en train de boire un verre, avec
trois de ses collaborateurs. Le secrétaire général de la préfecture, le secrétaire général aux Affaires corses (Sgac) et un collaborateur. Son directeur de cabinet, Gérard Pardini, accusé depuis une semaine d'être une barbouze des services secrets et qui avait passé quelques mauvais jours, était allé se reposer. Il était 21 heures, hier soir. On causait de l'affaire des paillotes, évidemment.
Procureur courtois. Une fois encore, le préfet expliquait qu'il n'y était pour rien, qu'il n'avait jamais donné l'ordre d'incendier le restaurant et que le colonel de gendarmerie lui avait dit de ne pas s'inquiéter. C'est alors que sont arrivés Jacques Dallest, le procureur de la République d'Ajaccio, son substitut, le juge Patrice Cambérou et une poignée de gendarmes et de policiers. Le procureur, éternellement courtois, a indiqué au préfet qu'il était en garde à vue, et les deux hommes ont discuté cinq minutes. «C'est difficile pour nous aussi», a expliqué Jacques Dallest pendant que les enquêteurs attquaient la perquisition, et il a ajouté une évidence pour tous les familiers du dossier: «La Corse rend fou.» Le bureau du Sgac, sur les hauteurs d'Ajaccio, a été lui aussi perquisitionné. Bernard Bonnet, très calme, s'attendait à être mis en examen aujourd'hui. Gérard Pardini a été lui aussi placé en garde à vue, le temps que l'information remonte à Paris, Bernard Bonnet n'était plus préfet.
C'est la première fois dans l'hist