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Portrait

Bonnet, l'action à tout prix. Mis en cause sur l'île, le «gouverneur» était plus isolé que jamais.

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publié le 4 mai 1999 à 0h51

Il y a quelques jours, Bernard Bonnet ne voulait pas «commenter un

fait divers». Ensuite, il a cité la Tempête de Shakespeare: «Il y a une marée dans toute chose humaine.» Sûr de son fait, comme il sait l'être, avec son buste droit et son petit sourire figé. Mais hier, à 23h30, Lionel Jospin l'a démissionné. C'est que l'homme, 51 ans, en poste à Ajaccio depuis le 11 février 1998, après l'assassinat de son prédécesseur Claude Erignac, est un habitué des déclarations définitives. Elles sont parfois justes, souvent vécues comme autant de petites agressions, toujours claquantes. Ainsi en octobre 1998, quand Paul Quastana, élu indépendantiste de Corsica Nazione, lui avait clamé: «Quand comptez-vous partir, monsieur le Préfet?», Bernard Bonnet avait riposté: «Je partirai quand vos amis cesseront de racketter, quand vos amis cesseront d'assassiner dans les fêtes de village, quand ils cesseront de poser des bombes qui déconstruisent l'avenir.» L'échange avait lieu en pleine Assemblée territoriale de Corse. Que les élus de Corsica Nazione avaient dû quitter. Quelques jours plus tard, rebelote. Le 13 janvier 1999, Bernard Bonnet refait une sortie, lors de l'audience solennelle de rentrée du tribunal d'Ajaccio. Face à lui: le bâtonnier Antoine Sollacaro. Mais, cette fois, c'est le préfet qui quitte les lieux, après avoir lâché: «Je sais entendre les critiques, mais je ne peux pas accepter de voir injurier l'Etat.»

Car Bernard Bonnet, issu de la promotion Guernica (1976) de l'ENA, né le

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