Affaire d'Etat ou affaire de l'Etat? Au train où évolue l'affaire de
la paillote maudite, la subtile distinction établie la semaine dernière par Lionel Jospin devant l'Assemblée nationale pour justifier le maintien du préfet Bonnet dans ses fonctions risque de passer à la petite histoire comme la gaffe à ne pas commettre. Le préfet de la région Corse, certes, n'était placé hier soir qu'en garde à vue par le juge chargé d'instruire le dossier d'incendie criminel contre le restaurant de Cala d'Orzu. Mais même en prenant en compte la présomption d'innocence, sa situation n'en est pas moins extrêmement fâcheuse et Lionel Jospin s'est résigné à en tirer les conséquences.
Que ne l'a-t-il fait dès la mise en examen des gradés de la gendarmerie soupçonnés d'avoir fait disparaître le restaurant Chez Francis dans les flammes mais non toutes les preuves de leur forfait! Ces hommes appartenaient en effet au fer de lance de l'unité spéciale dont la création avait été demandée par le préfet et approuvée par Matignon. Un Groupe de pelotons de sécurité (GPS), placé sous les ordres du colonel Mazères, qui ne dépendait et ne rendait compte qu'à Bernard Bonnet. Dès lors, que le préfet ait été au courant ou non des activités de ses gendarmes, qu'il leur ait donné ou non des ordres contraires à la loi importait finalement peu, contrairement à ce qu'ont répété alors Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement ou Alain Richard: sa responsabilité était engagée du seul fait de son incapacité à contrôler se