«Je n’aime pas les bonnes causes, elles ont tout le monde pour les défendre», aime à dire Georges Kiejman. Longtemps, au palais de justice, il a suscité autant d’admiration que d’exaspération, comme il sied à ceux qui réussissent. «A la barre, il est drôle et brillant comme personne», dit un des ses amis. On l’a vu faire rire aux éclats des conseillers d’Etat. On a vu aussi des magistrats s’étouffer d’indignation devant son ironie. Les avocats assurent qu’il est «capable de se battre des nuits entières pendant les gardes à vue. C’est un vrai, un grand avocat, avec tous ses défauts et ses qualités immenses. La vérité n’est pas son problème, et la cause de son client devient la sienne». Avec acharnement il a défendu et fait acquitter d’un double meurtre le militant d’extrême gauche Pierre Goldman, il a plaidé en France pour les autonomes italiens, il mettra plus tard son talent au service de la famille de Malik Oussekine, ce jeune homme tué par des policiers lors des manifestations de 1986. De ses origines, un père mort en déportation, une mère qui l’a élevé dans la misère, il a gardé ce mot: «J’ai été trop pauvre pour avoir honte de déjeuner au Ritz une fois par mois.» Car Georges Kiejman n’a pas seulement été «le défenseur des faibles», comme il se plaisait à répéter, mais surtout un civiliste spécialisé dans la propriété littéraire, de l’édition du cinéma et de la presse. Ainsi il a été l’avocat des éditions Gallimard, de Gaston Defferre, Ionesco, Malraux, Barthes ou Simone
Portrait
Me Kiejman retrouve sa scène préférée.
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publié le 7 mai 1999 à 0h54
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