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Portrait

Evgueni Primakov. Le rusé qui rassurait. Grâce à sa gestion, il devenait populaire.

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publié le 13 mai 1999 à 0h58

Moscou de notre correspondante

Ce jeudi 5 mai, Evgueni Primakov a l'air las. A ses côtés, Boris Eltsine fait une scène devant les caméras de télévision. Grimaçant de fureur, il fulmine: «Sergueï Stépachine n'est pas assis à la bonne place. Il est le premier vice-Premier ministre. Il doit se rapprocher.» Autour de la table, nul ne bronche. Primakov réprime un soupir. Ces derniers temps, le Premier ministre et le Président n'arrivaient plus à masquer leurs dissensions. Souffrant de sciatique aiguë, Primakov avait un air crispé dont on se demandait s'il était causé par sa maladie ou par ses douloureux efforts à collaborer avec le Kremlin. Désigné le 11 septembre 1998 après trois semaines de bras de fer entre le Président et la Douma, il a gouverné à son image, souriante et secrète, rassurante et rusée. Rien ne semble atteindre l'ancien patron des services secrets soviétiques. Mais, derrière la carapace, il place ses hommes et encaisse les coups pour mieux les rendre. Après un temps d'observation, très vite, Primakov s'émancipe.

Nommé grâce aux communistes, il place en tête de ses priorités la stabilité politique. Pour s'assurer les bonnes grâces de la Douma, il nomme des communistes à son cabinet. L'un d'eux est même numéro 2, chargé de négocier avec le FMI. Eltsine a toujours eu à coeur d'humilier les communistes. Mais, malade, il reste en retrait. En janvier 1999, Primakov propose un pacte de non-agression entre les différentes branches du pouvoir. Le Président devrait notamme

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