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Libération
Éditorial

Le fait du tsar.

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publié le 13 mai 1999 à 0h58

Bien sûr, Jacques Chirac a raison: il ne faut pas «humilier la

Russie». Et on peut être certain qu'il ne le fera pas durant les quelques heures qu'il passe à Moscou. Dommage pourtant que son «ami» Boris Eltsine n'ait pas suivi le conseil. Car si la Russie est effectivement humiliée depuis des années, c'est d'abord par les volte-face, les caprices et l'incohérence de son tsar-président dont la seule préoccupation, semble-t-il, est de tout faire pour que sa succession se passe aussi mal que possible.

Certes, ce n'est pas la première fois dans le pays que la paranoïa d'un seul homme fait office d'intérêt national. Ceux qui espéraient la Russie enfin vaccinée contre ce genre de malédiction auront eu tout faux. La pratique à l'heure du soviétisme était celle du bon vouloir des tyrans. Elle reste aujourd'hui celle du fait du prince. Mais d'un «prince» vieillissant, acariâtre, entêté, fonctionnant par à-coups mais toujours à la rancune, et qui va de plus en plus chercher dans son immense capacité de nuisance quelque raison d'exister encore.

On pouvait croire qu'après avoir touché le fond, la Russie remontait enfin. Mais, là aussi, on avait tort. Ce sont de nouvelles épreuves qui attendent ce pays ruiné, pillé par certains des siens, désespéré, dont les responsables ont été incapables en une dizaine d'années d'ébaucher l'esquisse d'un appareil d'Etat et d'un projet économique. Il est de bon ton et peut-être de bonne guerre d'accuser de ce désastre les «propagandistes occidentaux» de