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Libération

Nouveau bras de fer entre le Kremlin et la Douma. Eltsine chasse Primakov pour garder sa place. La décision du Président, menacé de destitution, de limoger son Premier ministre ouvre une crise constitutionnelle.

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publié le 13 mai 1999 à 0h58

Moscou de notre correspondante

En pleine tempête de neige, Moscou a connu hier une bourrasque politique. Menacé de destitution, le président Boris Eltsine a limogé le Premier ministre Evgueni Primakov, aussitôt remplacé par un protégé du chef de l'Etat, le ministre de l'Intérieur Sergueï Stépachine, provoquant un tollé dans l'opposition. Cette décision risque d'entraîner le pays dans une longue crise politique à l'issue incertaine.

Eltsine a justifié son geste par le fait que le gouvernement Primakov n'avait pas su définir de stratégie économique et «faisait comme si tout allait bien». Mais sa décision s'inscrit aussi dans la bataille politique en cours. La Douma s'apprête en effet à discuter aujourd'hui d'une procédure de destitution présidentielle. Une perspective qu'Eltsine, tsar lunatique et vieillissant, ne supporte pas.

«Impulsion décisive». En limogeant Primakov à la veille du débat, il aurait ainsi voulu «punir» un Premier ministre qui, d'après lui, ne défendait pas suffisamment sa cause auprès des députés et brouillait les cartes du jeu politique, quitte à précipiter son pays dans la tourmente. Nommé au lendemain de la faillite financière du 17 août, Primakov était en effet considéré comme le garant de la stabilité. «Le gouvernement a freiné la crise économique et sociale» qui menaçait à l'automne 1998, a reconnu Eltsine dans son allocution. Mais, a-t-il poursuivi, il s'est ensuite réfugié dans l'immobilisme. «Tout son travail s'est limité aux négociations avec le FM