Bielefeld envoyée spéciale
Des avions en papier ont volé hier dans la salle des congrès de Bielefeld. A plusieurs centaines de kilomètres des champs de bataille du Kosovo, les Verts allemands avaient choisi cette petite ville tranquille de l'ouest de l'Allemagne pour se faire la guerre entre eux, se torturer la conscience entre principes pacifistes et urgence de stopper les crimes serbes, partisans et opposants de la poursuite des bombardements de l'Otan. Le congrès a été l'un des plus agités et même parfois violents de ces dernières années.
Au terme de cette journée de psychodrame, ce congrès exceptionnel a fait prendre un tournant important à ce parti issu des mouvements pacifistes des années 70. Pour la première fois de leur histoire, un peu contraints par leur toute nouvelle participation au gouvernement, les Verts ont implicitement accepté la participation de l'Allemagne à une opération militaire offensive. Une majorité de 444 délégués sur 762 a adopté une motion de compromis présentée par la direction du parti, soutenant tacitement la participation aux frappes de l'Otan tout en appelant à un «arrêt temporaire» des bombardements pour tenter une nouvelle négociation avec Milosevic.
Dans cette halle survoltée, tapissée de banderoles rappelant que le programme du parti rejette encore tout «engagement de combat», cet accouchement n'a pas été sans douleur. «Stoppez la guerre d'agression de l'Otan! L'ennemi principal est dans notre propre pays! Bellicistes!» accusaient des