Les uns après les autres, les leaders de l'opposition serbe
appellent à l'arrêt des frappes et demandent au pouvoir de céder aux exigences de la communauté internationale. L'opposition relève la tête après s'être tue pendant des semaines, coincée «entre le marteau de l'Otan et l'enclume du régime», selon l'expression d'un appel lancé le 17 avril par une trentaine d'intellectuels, de journalistes, d'hommes de théâtre, pour la plupart militants antinationalistes de toujours. Puis il y eut, dix jours plus tard, le coup d'éclat de Vuk Draskovic, l'ancien opposant devenu vice-Premier ministre yougoslave, qui appela Slobodan Milosevic à «regarder la réalité en face». Il fut aussitôt limogé, mais l'apparente unanimité de la Serbie face à «l'agression de l'Otan» avait volé en éclats avec ces propos qui proclamaient ce que de plus en plus de Serbes pensaient tout bas. Ainsi, malgré la censure, les pressions et les menaces d'un régime qui les traite de «traîtres collaborant avec l'agresseur», les adversaires de Milosevic tentent de retrouver un espace politique et de constituer une alternative crédible malgré les échecs et les rivalités des dernières années.
Entre décembre 1996 et janvier 1997, des dizaines de milliers de Belgradois ont défié deux mois durant le régime en défilant quotidiennement dans les rues sous le drapeau de la coalition Zajedno (Ensemble) pour dénoncer la fraude électorale qui leur volait la victoire dans de nombreuses grandes villes, dont la capitale. En tête des