Cinq jours avant le déclenchement des frappes de l'Otan contre la
Serbie, le 19 mars, un demandeur d'asile kosovar arrivé en Autriche se voyait répondre par les autorités locales: «La Serbie garantit aux Albanais et aux autres groupes ethniques au Kosovo une égalité de droits.» Depuis lors, Vienne a tout de même suspendu les expulsions de Kosovars. Etre situé à moins de 500 kilomètres du champ de bataille et traîner derrière soi un lourd passé contentieux avec la Serbie n'aide pourtant pas toujours le pays à avoir une vision simple et réaliste du conflit. «A cause de son histoire, l'Autriche a pris grand soin de ne surtout pas raviver le sentiment antiserbe et le slogan "Serbien muss sterben [Mort à la Serbie] de 1914», explique Gerhard Reiweger, chercheur à l'Académie diplomatique de Vienne. En 1914, la Première Guerre mondiale avait été déclenchée par l'assassinat de l'archiduc autrichien François-Ferdinand par un nationaliste serbe.
A force d'efforts pour surmonter ce passé antiserbe, l'Autriche dérape parfois dans l'autre sens. Aucun abus, aucun crime de Milosevic n'a encore pu dissuader l'écrivain Peter Handke de continuer sa croisade lancée en 1996 pour rendre «justice à la Serbie». Handke vient de consacrer une nouvelle pièce de théâtre à sa cause, qui promet de faire fureur lors de la première, le 9 juin, au Burgtheater de Vienne. Dans une interview au magazine News mercredi, l'auteur s'enfonce dans des comparaisons de plus en plus odieuses, déclarant que «les antiserb