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Libération
Éditorial

Sans lyrisme.

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publié le 18 mai 1999 à 1h04

Les Israéliens viennent d'opposer un démenti à l'adage selon lequel

l'Histoire ne repasse jamais les plats. Après trois ans d'une parenthèse désastreuse incarnée par Benyamin Netanyahou, les électeurs ont choisi de manière éclatante de reprendre leur histoire là où ils l'avaient laissée en 1996, dans la foulée du traumatisme de l'assassinat de Yitzhak Rabin. La victoire décisive du chef de file des travaillistes n'est certes pas entourée du lyrisme qui a pu accompagner les moments les plus forts du processus de paix: l'époque n'est plus aux allégories de Shimon Pérès qui prédisait que «le seul général qui restera au Proche-Orient sera General Motors»" La personnalité du nouveau Premier ministre, héros de guerre et assurément pas «colombe» dans l'âme, ne s'y prête pas. Le mot «paix» ne figurait même pas sur sa profession de foi hier, et les plus pacifistes parmi les travaillistes ont été priés de ne pas trop se montrer pendant la campagne électorale.

Néanmoins, Ehud Barak a entre les mains les atouts qui pourraient lui permettre de bouleverser dans les prochains mois et les prochaines années la carte de la région. Les Israéliens eux-mêmes, qu'ils s'en réjouissent ou qu'ils le regrettent, s'attendent à voir naître un Etat palestinien au côté d'Israël. Barak-le-sécuritaire sera assurément un âpre négociateur avec un Yasser Arafat vieillissant qu'il ne connaît toujours pas, mais il sait aussi qu'en échange de la souveraineté tant désirée, le leader palestinien sera prêt à bien de