Sofia, Tran, envoyé spécial
La ligne de crête toute proche marque la frontière et sépare la guerre de la paix, mais quand les avions de l'Otan bombardent l'est de la région serbe de Nis les vitres tremblent aussi dans les tristes immeubles de la petite ville bulgare de Tran. «Savoir qui a raison ou tort dans cette guerre ne nous intéresse pas. Les Serbes sont nos voisins et ils meurent; c'est l'émotion qui prime», assure Aleksander Nenkov, maire socialiste (ex-communiste) de cette bourgade de montagne à l'industrie sinistrée qui fut touchée dès le deuxième jour de la guerre par les débris d'un missile américain dévié de son objectif. Des petites manifestations animent de temps à autre la place centrale avec force drapeaux rouges ou tricolores et des pancartes aux slogans vengeurs contre «les assassins de l'Otan».
Le contentieux historique avec la Serbie est lourd, comme le rappelle un monument de marbre noir commémorant la guerre de 1885, la première et la seule victorieuse des quatre qui opposèrent les deux nations l'une et l'autre slaves et orthodoxes. «C'est parce que nous avons subi trop de conflits que nous voulons garder des bonnes relations avec les Serbes», insiste le premier citoyen de Tran, farouchement opposé comme la majorité de ses administrés à la «guerre américaine». Les ex-communistes, chassés du pouvoir au printemps 1997, espèrent retrouver un espace politique en jouant sur la peur. Quelque 80% des Bulgares se disent hostiles aux frappes, même si une courte