Rien n'est insurmontable pour l'accueil de réfugiés kosovars. Rien,
sauf la réponse à cette question lancinante de tous les déracinés: à quand le retour? C'est sans doute la contradiction fondamentale de toutes les politiques d'hébergement que de n'exister que pour mieux disparaître.
Bien sûr, en vertu d'un tel raisonnement, les plus frileux s'exonèrent vite du devoir d'asile. Le gouvernement français s'est fâcheusement illustré sur ce plan avant d'opérer un rétablissement qui n'est cependant pas un retournement. En invitant les Français à ouvrir leurs portes aux Kosovars, Lionel Jospin a sans doute permis l'expression d'un mouvement de générosité populaire exceptionnel, mais il a par-là même limité les capacités d'accueil offertes. Certains de nos voisins européens ont préféré des solutions collectives d'accueil, en mobilisant les moyens de l'Etat et des ses administrations. D'où des quotas plus aisés à déterminer et une mise en oeuvre plus rapide de l'assistance.
Instruites par les échecs de l'accueil familial des Bosniaques en France, les organisations humanitaires ont mis en garde contre l'«adoption» des réfugiés. Les différences de coutumes, de langue, le spleen d'adultes désoeuvrés, le stress des enfants, tout cela requiert une force morale dont l'on peut présumer quand, ému par les images de la détresse, on décroche son téléphone pour offrir le gîte et le couvert aux victimes. Une sélection rigoureuse des candidats s'imposait à l'évidence.
Mais, du coup, c'est un mince f