Les compétences du Tribunal pénal international pour
l'ex-Yougoslavie sont limitées à cette aire géographique et aux crimes qui y ont été commis depuis 1991. Mais, sur ce terrain, les pouvoirs dont dispose la Canadienne Louise Arbour, procureur de cette cour créée en mai 1993 sur décision du Conseil de sécurité, sont sans équivalent. Sur la foi des preuves recueillies et avec l'accord d'un juge de la chambre d'accusation, elle peut, sans avoir à demander de feu vert à quiconque, décider d'inculper jusqu'à un chef d'Etat ou de gouvernement en exercice.
La mise en accusation pour crimes de guerre et pour crimes contre l'humanité du président yougoslave et de quatre de ses proches représente un véritable tournant dans la laborieuse naissance d'une justice internationale se référant à un certain nombre de valeurs communes à toute l'humanité, indépendamment de la logique des Etats. Certains, notamment parmi les politiques, reprochent à la procureur du TPI d'avoir agi trop tôt, au risque de bloquer tout processus négocié de sortie de crise. D'autres, souvent parmi les intellectuels, regrettent qu'elle ait trop tardé. La juriste canadienne répète depuis son arrivée au TPI, à l'automne 1996, vouloir rester sur le seul terrain du droit. Si elle n'a jamais caché son souhait d'arriver au plus haut niveau possible, elle a toujours rappelé qu'«une inculpation ne peut se fonder que sur des preuves de responsabilités directes et personnelles». Il ne s'agit pas de juger Milosevic en tant que