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Libération

Bouffémont se sent dépossédé. La mort d'un jeune de la ville a fait naître le mouvement.

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publié le 29 mai 1999 à 1h13

Bouffémont, envoyé spécial.

Tous les après-midi de Mme Coulibaly se ressemblent. Chaque jour depuis quatre mois, elle descend de sa cité, se dirige vers la gare, contourne un banc et s'y arrête quelques instants. Quand elle repart, le patron de la Méditerranée, le bar-restaurant d'à côté, l'apostrophe doucement: «ça va?» Elle lui fait un petit signe, hoche la tête et remonte vers son appartement des Champs. «Les Champs» est le nom usuel de la cité sans nom donné par les habitants de Bouffémont, jolie bourgade enfoncée dans la verdure du Val-d'Oise. C'était un village résidentiel de 3 500 âmes, nombre qui a doublé dans les années 70 après la construction de quelques cités, dont celle qui s'est érigée dans les champs en friche, près de la gare. Sur ce banc, Stéphane Coulibaly est mort le 15 janvier. Un coup d'Opinel parti au cours d'une bagarre. Il avait 22 ans.

C'est de ce drame qu'est né Stop la violence. Quatre mois après, le mouvement a pris son envol, et s'est éloigné de Bouffémont et des Champs. Reste un exemplaire du manifeste, collé sur la porte de la loge du gardien du groupe d'immeubles. Idriss ne veut plus en entendre parler. Stop la violence, ça lui rappelle d'autres mouvements dans lesquels il s'était impliqué durant les années 80. «SOS-Racisme et Stop la violence, c'est pareil: politique, pognon et Audimat, dit-il. Bientôt, ils vendront des T-shirts, des casquettes et des badges.»

«On coopère, mais on ne se mélange pas.» Samedi après-midi, il n'ira pas à la marche