Avant de commencer à séduire la banlieue, Stop la violence a conquis
les élus. Un signe. Le manifeste n'était pas sitôt publié, début mars, que Martine Aubry invitait les adolescents au ministère de l'Emploi. Quelques jours plus tard, Claude Bartolone, ministre de la Ville, les conviait à Montpellier aux Rencontres nationales des acteurs de la prévention de la délinquance. Elisabeth Guigou faisait leur éloge, Jean-Pierre Chevènement les trouvait formidables. Le ministre de l'Intérieur a même demandé aux préfets de soutenir les comités locaux qui viendraient à se monter dans leurs départements. Enfin, le Premier ministre lui-même leur a dit «tope là!». Un succès fulgurant. La preuve d'une grosse manipulation venue des politiques? Sûrement pas. Impuissances. Le mouvement, sa forme et son contenu, ont été réfléchis. Mais l'engouement des ministres porte plutôt la trace d'une double défaillance. Stop la violence leur plaît parce que le mouvement comble un vide. La gauche avait besoin de retrouver des interlocuteurs, de reprendre pied en banlieue. La violence venue à plusieurs reprises des cités vers les centres-ville a permis aux élites de réaliser à quel point elles avaient perdu tout référent, toute visibilité en banlieue. Stop la violence leur convient, aussi car, pour une fois, son message ne les renvoie pas à leurs propres impuissances. Les mouvements liés à la banlieue ne parlent habituellement que de chômage, de racisme, de violences policières. Pendant vingt ans, les s