Procès historique pour les uns, simple procès «criminel» pour les autres: la première audience du procès du leader kurde Abdullah öcalan a déjoué les pronostics. A 10 heures précises, le président de la Cour de sûreté numéro 2 d’Ankara, Turgut Okyay, ouvre la séance. Il fait entrer l’accusé dans sa cage de verre, par une porte qui y mène directement, et lui fait décliner son identité. «Apo», comme le surnomment ses partisans, le cheveu court, rasé de près, chemise bleu clair sous une veste brune, tente d’expliquer qu’il est marié mais «pas officiellement». «Ecrivez célibataire!», coupe le juge. L’accusé demande ensuite poliment, comme gêné, s’il peut faire une déclaration à la Cour. «Je vous en prie», répond son interlocuteur.
S'ensuit une étrange récitation: öcalan, comme cherchant ses mots, le regard parfois perdu au plafond, précise que, durant sa détention, il n'a été «ni maltraité, ni insulté, ni même mis sous pression». Toujours hésitant, il rappelle le respect qu'il porte à la république de Turquie, qu'il se dit prêt à servir «sans ménager ses efforts». «Je veux vivre pour servir la paix et la fraternité», conclut-il. Mais Abdullah öcalan, au lieu de se rasseoir, demande à s'adresser aux familles de victimes. Le président accepte: «Je vous présente mes excuses, sachez que je participe à votre douleur», dit-il sans regarder personne. Dans l'assistance, aucune réaction des hommes et des femmes âgés, certains enveloppés d'un drapeau turc, d'autres montrant la photo de leu