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Libération
Interview

«Un tel tribunal n'est pas impartial». Le bâtonnier d'Istanbul dénonce la Cour de sûreté de l'Etat.

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publié le 1er juin 1999 à 23h17

Yücel Sayman, 50 ans, est bâtonnier du barreau d'Istanbul. Il est

présent au procès d'Abdullah Öcalan avec le statut d'observateur. Quelles sont les spécificités du procès?

Nous sommes dans une situation exceptionnelle, où des impératifs de sécurité empêchent les avocats de la défense d'exercer librement leur métier. La composition des Cours de sûreté de l'Etat est très discutée, surtout depuis l'arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme. C'est un «désavantage» pour ce procès. Mais, surtout, les avocats se plaignent de n'avoir pas eu le temps nécessaire pour se préparer. Ils n'ont pas pu étudier en détail le dossier, lourd de plusieurs volumes, et il n'ont pas pu discuter avec leur client.

Le report du procès était envisagé pour une autre raison: la réforme des cours de sûreté de l'Etat. Pourquoi cela ne s'est-il pas fait?

Les probabilités d'un report étaient faibles, car le gouvernement (formé vendredi, ndlr) n'avait pas soumis de projet de loi au Parlement, et la seule intention affichée par le gouvernement de réformer ces juridictions ne pouvait être prise en compte. C'était une simple question de temps, car le texte est dans les mains du Premier ministre. Sans quoi, avec une réelle volonté politique, cette réforme constitutionnelle aurait pu aller très vite, puisque la coalition est majoritaire à l'Assemblée.

Le barreau d'Istanbul est très critique vis-à-vis des Cours de sûreté de l'Etat. La simple suppression du juge militaire qui y siège serait-elle suffisan