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Libération
Éditorial

Business «éthique»

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publié le 3 juillet 1999 à 23h51

De l'épopée à la main courante. Du cliché lyrique à l'analyse

clinique. Le Tour 99 pourrait se réduire à ce sec constat. Sauf que l'ère du soupçon a commencé il y a longtemps; il ne faudrait pas faire mine de découvrir ses turpitudes. Oui, mais le Tour est sacré. C'est ce qui se dit, et se veut penser. Patrimoine populaire, douce France à la Cartier-Bresson, «cols de légende», «forçats de la route», etc. Clichés si joliment ciselés qu'ils sont devenus l'ordinaire d'une France qui n'a pas tout à fait oublié l'odeur de la sueur. Le Tour aura donc lieu. Sans illusions. Le Tour 98 avait déjà laissé son refrain du «rien ne sera jamais plus comme avant». On aurait pu ainsi faire courir deux épreuves parallèles, comme le proposait Jean-Luc Godard, les dopés d'un côté, les non-dopés de l'autre. Idée d'artiste" Ou alors, sauter un Tour: l'électrochoc salvateur qui miserait sur le long terme, casserait les filières, révolutionnerait les mauvaises habitudes instillées jusque dans la moelle des amateurs et mettrait au rancart une génération de champions surdosés. Idée d'irréaliste. Les organisateurs du Tour, eux, avaient concocté un compromis présentable: mettre en quarantaine les dossards les plus voyants du dopage afin de sauvegarder une affaire qui tourne. «Sauver l'emploi», en quelque sorte. L'incantation n'a duré que le temps de plier devant les menaces de l'UCI. Ce n'était pourtant pas cher payer pour faire accroire au spectacle, rhabiller un peu la compétition, laisser leur chanc