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Libération

Radiographie du Tour de France. Vers le naufrage. Il est vital de définir de nouvelles règles du jeu.

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par François POYET
publié le 3 juillet 1999 à 23h51

Médecin et psychiatre du sport au CHU de Clermont-Ferrand, François

Poyet inaugure ici la première de ses chroniques, qu'il tiendra pendant les trois semaines du tour de France.

A l'heure où une grande partie du monde cycliste amorce sa transhumance rituelle, il n'est sans doute pas inutile de se poser les bonnes questions. Sur le pourquoi de la dérive actuelle; sur cette apparente fatalité; sur les récifs acérés d'une réalité outrageante pour les consciences. Comment cette microsociété a-t-elle pu s'empêtrer dans cette cauchemardesque situation dont on peut mesurer aujourd'hui la dramatique profondeur à l'aune du désarroi des responsables désireux, sans doute un peu tard, d'en sortir sans trop de casse?

Pourtant, les vigies n'ont pas manqué, qui ont crié à s'époumoner que le navire fonçait sur l'iceberg du dopage et des ententes illicites. Mais nul ne voulait alors les entendre, préférant les images mordorées des champions de pacotille à une réalité déjà fort nauséabonde. Combien de générations de sportifs prometteurs mais intègres ont-elles ainsi été sacrifiées à l'autel des intérêts supérieurs d'un cyclisme vendu aux marchands du temple?

Le courage existe-t-il encore dans l'âme des décideurs? Et sont-ils encore assez libres pour choisir une stratégie de rupture totale avec des habitudes et un passé si contaminant que peu en ont réchappé? Pour cela, seul un moratoire de plusieurs mois permettrait de définir les nouvelles règles fondatrices. Ainsi pourrait-on mettre en évidence