Les choses n'ont pas traîné. A la septième année d'une guerre qui a
fait plus de 100 000 morts, les premiers prisonniers islamistes graciés dimanche par le président algérien Abdelaziz Bouteflika ont été libérés hier matin. Un premier groupe est sorti tôt de Serkadji, une prison de haute sécurité au centre de la capitale, alors que l'Algérie fêtait le 37e anniversaire de son indépendance et après que des dizaines de milliers de jeunes aient participé, la veille, à un immense concert de raï (lire page 4). On ignore encore quand seront élargis les autres détenus et combien ils seront, mais des sources proches du ministère de la Justice ont estimé que la mesure de clémence concerne 5 000 personnes. Rien n'a non plus été dit officiellement sur le sort des chefs historiques du FIS, particulièrement Ali Benhadj, seul d'entre eux toujours détenu, les autres étant en résidence surveillée, comme Abassi Madani, ou en liberté conditionnelle.
Mais pour le chef de l'Etat algérien, le doute n'est pas de mise. S'adressant hier soir à la nation, il n'a pas fourni plus de précisions et s'est employé à défendre son projet de «concorde civile», destiné à amnistier les islamistes et qui est discuté au Parlement. Cette nouvelle loi a été annoncée après que l'AIS, le «bras armé» du FIS, eut confirmé, début juin, qu'elle renonçait «définitivement» à la lutte armée (elle avait déposé les armes deux ans plus tôt) et qu'elle se plaçait sous l'autorité de l'Etat. Le texte prévoit une «dispense de tout