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Libération
Éditorial

Périphéries

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publié le 7 juillet 1999 à 23h48

N'en déplaise aux amoureux de la France profonde, ce pays se trouve

de moins en moins en profondeur et de plus en plus en périphérie: ses habitants se regroupent vers ses littoraux ou ses frontières. Non seulement la France compte un peu moins d'habitants qu'on ne l'imaginait, mais les diverses politiques de «désenclavement» n'ont pas entravé la lente hémorragie démographique qui affecte ses régions centrales. Pour prospérer, il faut soit la proximité d'une locomotive européenne, le Bade-Wurtemberg ou le Piémont (voire l'Airbus pour Toulouse), soit celle de l'eau salée, l'Atlantique rivalisant désormais d'attraits avec la Méditerranée. Et ce mouvement centrifuge se retrouve au niveau des régions ­ la Bretagne se porte plutôt bien, mais ses terres intérieures se vident; le grand Bassin parisien gagne sur ses pourtours et se délite au centre.

Rien de cela n'est bien nouveau mais les lignes de force se durcissent ­ et le feront sans doute encore plus quand on pourra prendre en compte l'âge et le dynamisme économique des habitants en plus de leur nombre. Au total, on a de nouvelles raisons de refuser la formule qui divise la France entre «Paris et le désert français». Le «désert» existe, certes, et plus que jamais, et Paris sera toujours Paris, même avec quelques bémols. Mais il faut y ajouter la montée en puissance des capitales régionales, comme si prenait enfin forme ce vieux rêve des aménageurs de territoire: des métropoles d'équilibre capables de jouer leur rôle" Cela, même s