C'est en Iran, il y a vingt ans, que l'islam radical a enregistré
son premier succès, ouvrant la voie à une lame de fond qui, espéraient ses partisans, devait tout balayer sur son passage dans le monde musulman. Deux décennies plus tard, c'est en Iran que le reflux de ce radicalisme est le plus significatif, comme le montre la lutte entre conservateurs et réformateurs à Téhéran. Loin de poser la question en termes idéologiques, c'est l'aspiration d'une société à souffler, à vivre sans avoir à porter à bout de bras un projet révolutionnaire qui tourne à vide, qui s'est exprimée à travers l'élection de Mohammed Khatami. Ce dernier n'est d'ailleurs pas un pourfendeur d'ayatollahs: descendant du Prophète, il prône un islam apaisé, plus respectueux des choix de chacun, débarrassé de ses gardiens de la morale publique prompts à débusquer le tchador mal ajusté.
A l'image des «enfants» de Khomeiny, une bonne partie de l'islam radical s'est retrouvée dans une impasse. Après l'Iran, il n'a connu aucun succès décisif, à l'exception de sa version afghane, les taliban, tellement outrancière qu'elle a réussi à choquer jusqu'aux imams de Téhéran. Les maîtres de Kaboul et leur projet régressif ne semblent pas en mesure, en tout cas, de servir de modèle et d'inspiration à des mouvements importants ailleurs dans le monde musulman. De fait, l'islam radical s'est trouvé ces dernières années privé de projet. L'épreuve du pouvoir en Iran, mais aussi celle de l'opposition durable ailleurs, ont débou