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Libération
Analyse

Un apartheid technologique. L'Internet n'est pas l'outil solidaire espéré par beaucoup.

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publié le 13 juillet 1999 à 23h44

Des entrepreneurs camerounais ont récemment économisé un voyage aux

Etats-Unis. «Ils ont trouvé toute la documentation technique dont ils avaient besoin sur le Web», rapporte Pascal Renaud, qui dirige un programme de coopération sur la société de l'information et le développement à l'ONU. Mais, reconnaît-il, ce type d'exemple où l'Internet accélère le développement d'un projet est rarissime. «Le commerce électronique de l'artisanat, c'est de la soupe.»

Le constat est aujourd'hui largement partagé: l'Internet, dans lequel beaucoup voyaient un formidable outil de développement et de solidarité, ne tient pas ses promesses. Et le leap frogging, ce bond de grenouille que certains attendaient et qui aurait plongé directement les pays pauvres dans le bain de la société de l'information, ne se produit pas. Au contraire: parce qu'ils y ont un accès limité, l'Internet accroît le décalage avec les pays riches. «Le "leap frogging, c'est le syndrome de la révolution verte, lorsqu'on pensait que les tracteurs et les engrais feraient décoller les pays pauvres, estime Pascal Renaud. La seule chose très positive est l'accès à la connaissance scientifique et technique.» Mais cette possibilité est réservée à une minorité d'universités et d'entreprises.

Le chercheur Manuel Castells évoque un «apartheid technologique»: «Alors que les technologies de l'information et la capacité à les utiliser et à les adapter sont aujourd'hui la clé de l'accès à la richesse, au pouvoir et au savoir, l'Afrique est