Taxer une économie florissante comme celle de l'Internet est
évidemment tentant. Cela flatte les opposants au libéralisme qui voient dans le réseau planétaire le vecteur de la mondialisation, les inusables tiers-mondistes qui ne cessent de regimber contre la domination américaine ou les néoluddites pourfendeurs de la béatitude technologique. Cette généreuse idée est un clone de la taxe Tobin, consistant à imposer les mouvements de capitaux dans le monde. Généreux concept, mais techniquement inapplicable. Dans le cas présent, il s'agirait de taxer les volumes (en l'occurrence le nombre de messages) échangés entre deux personnes ou deux institutions. A première vue, rien de bien compliqué. Si l'on sait prélever quelques millicentimes de commission sur une transaction via l'Internet, on doit pouvoir reverser une taxe sur le courrier électronique. Mais plusieurs problèmes subsistent. Au contraire des mouvements de capitaux, ce ne sont pas les plus riches qui réalisent les échanges les plus importants. Pour répandu qu'il soit, le courrier électronique est rarement ce qui crée la valeur sur l'Internet; le projet du Pnud reviendrait donc à taxer les innombrables échanges entre deux universités, en laissant de côté les ordres en Bourse passés à un agent de change (qui transitent par un autre système) ou, pire, les échanges informatiques entre banques. On pénaliserait donc la partie la moins profitable de l'Internet. Autre question: il existe un autre réseau, souffrant des mêmes dé