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Libération
Éditorial

Faux frais

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publié le 23 juillet 1999 à 0h01

Tous les pays qui sont passés à la moulinette du «socialisme réel»

en sont ressortis proprement cochonnés par le solide dédain de l'environnement dont témoignaient sans faiblir les camarades planificateurs. En théorie pourtant, rien n'obligeait les technocrates du capitalisme multinational à se montrer moins sauvages envers les équilibres naturels que leurs équivalents apparatchiks. Rien sinon le ras le bol du vulgum pecus, la mobilisation des victimes et la possibilité de se faire entendre en régime démocratique. Dans leur glissement vers des modes de régulation plus démocratiques, les sociétés autoritaires ou totalitaires rencontrent nécessairement la question écologique. De nombreux exemples en Asie montrent d'ailleurs que cela ne se limite pas aux rejetons du communisme. Mais, dans bien des cas, la photo à l'arrivée est la même: à la lourdeur du passif écologique répondent la pénurie de moyens curatifs, mais aussi une grande confusion de pensée, parmi les dirigeants mais aussi dans l'opinion.

En d'autres temps, l'épidémie de virus en Russie aurait été parfaitement étouffée. Au lieu de cela, on a vu une frénésie médiatique mais celle-ci aurait sans doute gagné à être mieux maîtrisée: le sensationnalisme est aussi une pollution, qui entrave la lutte contre les autres pollutions. Chez les dirigeants, l'environnement ne semble encore considéré que comme un regrettable faux frais, un obstacle inutile sur le chemin d'un enrichissement rapide, dont il convient de se dispenser d