C'était le 14 Juillet à Paris. Le roi Hassan II était sur la tribune d'honneur aux côtés du président Jacques Chirac et du Premier ministre Lionel Jospin alors que sa «garde royale» descendait les Champs-Elysées. L'image a valeur de symbole. Monarque jugé infréquentable encore dix ans plus tôt par une bonne partie de la gauche française, «notre ami le roi», comme l'appelait Gilles Perrault dans un pamphlet best-seller, s'était imposé comme un partenaire privilégié de la France dans la région.
Vengeances implacables. En matière de droits de l'homme, malgré quelques dossiers en suspens dont celui des disparus, le Maroc fait désormais presque figure de modèle par rapport à l'Algérie voisine ou à la Tunisie. Depuis quinze mois, Abderrahmane Youssoufi, secrétaire général du Parti socialiste marocain, est devenu Premier ministre de ce roi qui jadis l'avait emprisonné. Une première alternance bien encadrée puisque le roi reste le seul vrai maître du pays. Il le rappelait d'ailleurs clairement en soulignant que «l'islam lui interdisait de mettre en place une monarchie constitutionnelle dans la quelle le souverain déléguerait tout ses pouvoirs et régnerait sans gouverner». Si le Maroc reste une poudrière sociale avec un fossé toujours plus large entre riches et pauvres, (le revenu moyen mensuel est de 500 F par habitant), Hassan II aura eu l'habileté de tout faire pour que la fin de ses trente-huit ans de règne soit assimilée à une ouverture susceptible d'estomper les «années de plo