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Libération

Le dernier monarque de droit divin. Hassan II a régné de façon absolue. Son fils devra s'y prendre autrement.

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publié le 26 juillet 1999 à 0h02

Deux générations de Marocains n'ont connu que lui, un demi-dieu,

maître du temps dynastique. Pendant 38 ans, son règne a été celui de l'arbitraire et du secret, à l'abri des murailles ceignant ses palais. Dans son pays, il n'y a pas de citoyens, seulement des «sujets» sur lesquels il avait droit de vie et de mort. Personne ne pouvait crier «Vive la République» sans risquer la prison pour avoir porté atteinte aux «institutions sacrées»: l'Islam, le Roi et la Patrie. Le multipartisme, les constitutions successives et même, il y a 17 mois, «l'alternance» au gouvernement, n'ont été octroyés que de plus ou moins bonne grâce. Car Hassan II a été le dernier monarque régnant de droit divin, absolu. Il a pu l'être pour des raisons historiques, mais aussi parce qu'il a su composer avec un siècle épris de laïcité et de démocratie. Il est mort après avoir vu défiler sa garde sur les pavés de la Liberté, de la Fraternité et de l'Egalité.

Autant dire que son fils lui succède, mais ne le remplacera pas. «Le trône ne saurait être mis en équation», fut une de ses phrases favorites. Le prince Hassan avait bien appris sa leçon. Il faut dire qu'il était précoce en politique, intelligent et doté de hauteur de vues. Pour avoir rencontré, dès 1944 à Anfa, Churchill et Roosevelt, pour avoir prononcé les paroles de feu indépendantistes au lendemain de la guerre, au côté de son père à Tanger, il avait sauté des étapes. Lorsque la France exile le Sultan du Maroc pour cause d'indocilité, en 1953, le fi