C'était il y a tout juste un an. Elisabeth Guigou, accompagnée de
Martine Aubry, découvrait l'univers insupportable de la maison d'arrêt de Loos (Nord). Après cette visite, elle assurait, la voix tremblante d'émotion, que certaines images resteraient longtemps gravées dans son esprit: ce détenu qui venait de tenter de se suicider, ou cet autre au mitard depuis 30 jours dont le regard était absolument vide, ou encore cette jeune mère, qui devait s'habituer à l'idée que son bébé la quitterait dans quelques semaines. Cette visite avait été souhaitée par Jean-Louis Daumas, le bouillant directeur de la maison d'arrêt, nommé depuis à Caen. La prison de Loos représentait à ses yeux ce qu'il y avait de pire, ou presque, dans le monde pénitentiaire français. Un an après la situation n'a pratiquement pas évolué. Le surpeuplement est toujours aussi important: l'établissement prévu pour 542 détenus en accueille plus de 1 000.
A trois dans 9 m2. Logés par groupe de trois dans des cellules de 9 m2, les détenus organisent leur vie carcérale selon des critères qui ont peu à voir avec la dignité de la personne humaine. La Garde des Sceaux avait pu s'en convaincre, en découvrant le quartier des femmes, prévu pour 54 personnes mais qui en accueille 90. «Avec une telle surpopulation et le nombre de maladies qui circulent dans une prison, comment assurer correctement des soins et respecter le secret médical?», interroge un surveillant qui évoque un détenu tuberculeux rejeté par ses compagnons d'in