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Libération

Parloirs améliorés pour les visites des enfants. Créer ou maintenir des liens avec son enfant quand on est détenu relève aujourd'hui de l'impossible.

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publié le 28 juillet 1999 à 0h04

«Quand j'étais à la Santé (ndlr, maison d'arrêt parisienne), sa mère

me l'amenait deux fois par semaine», raconte Sami D., 29 ans. J'avais le droit de l'embrasser, mais pas de le prendre sur les genoux, il ne devait pas passer de l'autre côté du muret. Une fois, un surveillant lui a enlevé son gâteau, ça a fait un drame. Il y avait beaucoup de bruit, tous les parloirs étaient collés les uns aux autres. Puis j'ai été transféré à Joux-La-Ville (Yonne). Là je ne le voyais plus qu'une fois par mois. Officiellement. Même si je suis resté en bons termes avec la mère, on était séparés, ça lui faisait beaucoup de trajet et de dépenses. Alors, elle ne venait pas.» D'autre détenus préféraient ne plus voir leurs enfants, tellement ces demi-heures de parloir se passaient mal: «la plupart des enfants pleuraient, et il n'y avait pas de toilettes pour eux.» Samuel V., lui, avait obtenu un droit de visite mensuel, contre l'avis de son ex-épouse qui estimait que la prison traumatisait leur fille. Il ne l'a jamais vue durant ses trois années d'incarcération. «C'est la mère en fait qui ne supportait pas la fouille, l'attente et l'ambiance dégueulasse du parloir.» En 1995, 140 000 enfants ont rendu visite à l'un de leurs parents incarcérés. Le père, dans l'immense majorité des cas. Et parmi ceux-ci, les pères séparés ou divorcés: «L'enfant a devant ses yeux un parent doublement dégradé: par la justice mais aussi par son conjoint», écrit Isabelle Moine-Dupuis, maître de conférences à la facult