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Éditorial

Progrès

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publié le 28 juillet 1999 à 0h04

Il n'est pas dans le vocabulaire courant de l'administration

pénitentiaire d'invoquer les droits de l'homme pour justifier une amélioration de la vie des détenus. Hier est donc une journée à marquer d'une pierre blanche dans la reconnaissance de «l'humanité» du condamné (et a fortiori du prévenu), quand Martine Viallet, sa directrice en exercice, a procédé ­ fugitivement ­ à cet utile rappel.

N'est-ce pas l'article 5 de la Déclaration universelle de 1948 qui stipule que «nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants»? Derrière ces mots, on pourrait réunir le pire du séjour en prison: cellules surpeuplées, locaux détériorés, médecine expéditive, hygiène approximative, parloirs parcimonieux, faut-il ajouter aussi la résistance administrative butée sur la question des relations sexuelles des détenus? Etre privé de liberté, c'est LA punition. Devoir subir l'abjection de la vie carcérale, c'est pour le coup une véritable double peine.

Sans doute des progrès ont-ils été accomplis, mais ils avaient toujours une mutinerie de retard. Donner de l'argent aux prisons est réputé impopulaire. Et puis les détenus votent peu. Au demeurant ils ne seraient pas suffisamment nombreux (heureusement d'une certaine manière) pour peser sur des scrutins. Il aura fallu beaucoup de rapports, de témoignages individuels, pour que l'on commence à prendre conscience que la société ne peut prétendre «réhabiliter» des délinquants, dès lors qu'elle donne la pire