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Libération
Éditorial

Esquive.

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publié le 29 juillet 1999 à 0h04

Quand la mère patrie des Droits de l'Homme se fait taper sur les

doigts pour «torture», la réprimande est doublement cuisante pour son amour-propre: pour être montrée du doigt en public et pour être prise en flagrant délit d'infidélité à son image de marque. C'est sans doute pourquoi le ministère de l'Intérieur, dont tout laisse penser que son premier responsable ne se désolidarise pas en l'espèce, affecte de traiter la réprimande par le mépris: cela lui évite de répondre sur le fond. Et tant pis si cette esquive est celle-là même qu'emploient en pareille circonstance les tortionnaires turcs, tant pis si cette fin de non-recevoir prolonge par d'autres moyens l'attitude même qui a valu à la France sa condamnation: un abrupt et borné «circulez, il n'y a rien à voir»" Personne ne pourra croire que la France est tombée au niveau d'une dictature barbare, que l'arbitraire et la brutalité policière s'y déploient sans frein. Ce qui est en cause, c'est au contraire une bonne conscience philistine qui s'auto-absout, au nom d'un respect général des droits de l'homme, de pratiques qui y contreviennent. C'est un refus d'avoir à rendre des comptes, d'abord devant la justice française (avec la complicité d'une partie de celle-ci qui s'est illustrée dans l'affaire par une brillante course de lenteur), puis devant une justice internationale. Une telle complaisance hypocrite transforme un fait divers assez banal en faute d'Etat.

Le ministère de l'Intérieur a beau se livrer à quelques trémolos s