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Libération

Des effets sur le moral, pas sur les affairesLes éleveurs britanniques misent plus sur leur marché que sur l'export.

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publié le 2 août 1999 à 0h20

Londres intérim

Pour Ian Dance, la décision de lever l'embargo sur la viande bovine britannique arrive trop tard. A 41 ans, ce fermier n'a pas célébré l'événement comme ont pu le faire ses anciens collègues éleveurs. Il se souvient surtout de ce jour, il y a trois ans, où il a fondu en larmes. Son rêve de voir son fils reprendre l'exploitation familiale se brisait. Quelques mois après la mise en application de la circulaire européenne, il devait licencier un, puis deux employés, et enfin faire abattre la plupart des 400 têtes de son troupeau. Alors, sur la levée de l'embargo, il ne se fait guère d'illusions: «Les conséquences sur le marché vont être quasiment nulles. Les Français, comme les Européens, n'ont pas de souci à se faire. Il faudra des années pour que la confiance revienne éventuellement, je dis bien éventuellement!»

Bénédiction pour l'Ecosse. Outre-Manche, c'est autre chose. Malgré les scandales, les 3 064 vaches atteintes d'ESB en 1998 ou encore les campagnes des associations végétariennes, les chiffres sont là: de 895 000 tonnes de boeuf consommées en 1995, la quantité est descendue à 748 000 en 1996 pour revenir douze mois plus tard à 890 000 tonnes. Les éleveurs écossais en ont profité: ils n'ont jamais vendu autant de viande sur le marché anglais que depuis la crise de la vache folle. Tout comme pour les vaches élevées en Irlande du Nord, ils garantissent ce qu'ils appellent «un boeuf nourri à l'herbe». Pour Laurent Vernet, responsable du plus grand abattoir