Les temps changent. Dans les chiffres, dans les discours et

peut-être jusque dans les têtes. C'est une Martine Aubry pas même euphorique qui n'a pas hésité hier à rassembler ce que les sondages, les indicateurs, les professionnels du marché du travail pointent depuis déjà quelques mois: «C'est la première fois depuis 1974 qu'une majorité de Français croit que le chômage va baisser», a dit la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, qui voit «un vrai mouvement durable à la baisse» s'installer dans le paysage économique.

Loin la crise pétrolière, oubliée cette courbe lancinante du nombre de demandeurs d'emploi, orientée, mois après mois, à la hausse. Le fond de l'air se fait plus léger, le retour au plein emploi (1) redevient une perspective crédible. Lionel Jospin, dimanche, devant ses camarades socialistes rassemblés à La Rochelle, en a fixé lui-même l'objectif pour la décennie à venir. D'autres, tel Jack Lang sur RTL hier matin, lui ont immédiatement emboîté le pas.

Joli juillet. Les chiffres pour juillet, publiés hier par le ministère de l'Emploi, ne rafraîchiront pas ce bel enthousiasme. Sur un mois, le nombre de demandeurs d'emploi a encore baissé de 40 000 unités; sur un an, de 130 000. Depuis qu'il est à Matignon (juin 1997), le Premier ministre peut mettre à son actif une baisse de 350 000 chômeurs. Du jamais-vu. Une échappée de ciel bleu. «On nous présente parfois ce moral retrouvé des Français comme une sorte d'accident bienheureux, comme le produit d'une évolution m