Jacques Langevin, 46 ans, reporter-photographe, était de permanence
pour Sygma le soir de l'accident et est arrivé sur les lieux dix minutes après le drame. Il fait partie des neuf reporters mis en examen. Et innocentés.
Qu'est-ce qui a changé pour l'ensemble des photojournalistes depuis deux ans?
Les premiers mois après l'accident de Diana ont été terribles pour la profession. On ne pouvait plus sortir un boîtier sans se faire traiter de paparazzi. Qu'il s'agisse, d'ailleurs, de reportages à l'étranger ou en France, et quel que soit le type de sujet. Ça a duré huit ou neuf mois. Puis les choses se sont tassées, mais une très grande méfiance a persisté. Nous sommes un peu marqués au fer rouge. Les gens confondent encore reportage et voyeurisme, c'est dramatique.
Le drame n'a-t-il pas eu toutefois pour effet positif de mettre un terme aux pires pratiques du métier de photographe?
Les journaux eux-mêmes ont fait leur autocritique en réduisant cette forme de reportage, et le marché pour cette catégorie s'est réduit. Une certaine autodiscipline s'est un peu développée, aussi bien en France qu'en Angleterre, d'ailleurs. Mais il y a un effet pervers avec ce projet de loi sur le droit à l'image, où pratiquement toutes les photos peuvent donner lieu à un procès. Peu importe qu'il s'agisse d'une personne dans la rue, d'un monument public ou d'une catastrophe (référence à la notion de «dignité de la personne», ndlr). Si ces projets sont votés, nous serons dans une situation absurde où un